Auteurs :
Kurt Bremen
Le chevalier Kurt Bremen, balistère de son état avait quitté au matin la chambre de sa douce. Sans la réveiller alors que l'aube pointait ses rayons mordorés à travers les vitraux.
Il était descendu dans ses quartiers. Ces hommes vaquaient à leurs occupations. Certains étaient en arènes depuis la journée précédente. Il donna ses instructions à Valadhaas son lieutenant. Puis il était descendu aux écuries. Pris son destrier et s'en était allé vers la cité. Il avait assisté aux combats de certains de ses hommes dans les gradins puis était reparti.
Les pas de sa monture l'avait fait traverser la ville et vers midi il était entré dans cette majestueuse forêt.
Les grandes frondaisons verdoyantes plongeant leur ombre sur le garde noir. Un instant il avait pensé faire demi tour pour ne point déranger la quiétude mais la présence d'un chemin usité de tout l'en dissuada et il poussa plus loin son hongre.
Il arriva à une clairière mais n'y fit point d'arrêt... Préférant se laisser engloutir par la magnificence des lieux...
Son cheval fit un écart lorsqu'une harde déboula devant eux mais le chevalier eut tôt fait de le calmer... S’il avait eu un épieu il aurait bien pris en chasse le vieux mal... Mais la paix de la forêt le fit presque rougir de cette pensée sanguine...
Lorsque le soleil eut atteint son zénith Kurt fit une pause... Assis sur la souche d'un arbre il dévora avec appétit une tranche de pain et quelques fruits emporté dans les fontes de son cheval.
Etendu sur l'herbe il s'endormit.
Elle avait dû marcher longtemps pour trouver cette petite clairière... Combien de temps ? facilement des heures ! Puis, alors qu'elle perdait espoir, elle vit au loin une silhouette couchée sur le sol... Endormie...
Dame Alista s'approcha doucement et le reconnut. Les événements de la nuit précédente lui donnait encore froid dans le dos mais elle préféra ne pas y penser...
Le visage soigné de Kurt l'appelait... Elle s'avança sans faire de bruit, puis elle se mit à genoux à côté de lui, puis déposa un doux baiser sur les lèvres... Peut-être cela le réveillera-t-il...
Elle resta au dessus de lui, attendant qu'il s'éveille...
Le chevalier était perdus dans la trame de ses souvenirs...
Comme tout homme ayant vu trop de sang couler et trop d'hommes tomber ces rêves avaient la saveur des vieilles batailles et le parfum de la mort pour contenues.
Cette fois Kurt rêvait à une escarmouche en forêt de Loren... Un sylvain lui était tombé dessus alors qu'il dormait. Il avait été l'un des seuls rescapés de l'attaque.
Toutes les sentinelles avaient été tuées. Kurt avait dû son salut au contact froid de la lame sur son visage. Il avait dégainé sa dague et avait réveillé le restes de ses hommes...
Aujourd'hui il failli en faire de même... Sa main glissa à la ceinture et tira sa dague. Ses yeux ouvert découvrirent la chevelure rousse de sa dame avant que son bras ne fasse un geste définitif.
Il prétexta un réveil difficile pour ranger discrètement sa dague et prendre le temps de calmer son air violent qui avait fugacement traversé son visage.
Bonjour. Vous m'avez suivi ou vous m'avez croisé par hasard. Le ton était, sans le vouloir accusateur.
Kurt toujours dans les affres de son sommeil troublé ne s'était pas rendu compte de la manière dont il avait parlé à sa dame.
Il s'assit en face d'elle dans l'herbe... Sans avoir esquisser un mouvement vers elle...
Elle avait les yeux fermés lorsqu'il avait dégainé l'épée, mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle prit peur... Elle regarda celui que son cœur avait choisi et son regard courroucé lui brisa un instant le cœur...
Elle balbutia : Je vous cherchais... Vous n'aviez pas donné de nouvelles...
Confuse... Son regard vert était troublé... Pourquoi ne venait-il pas ? Pourquoi avait-il des réactions si violentes ?...
Elle se leva brusquement et se tourna. Elle regarda au loin le temps que le sieur reprenne son sang froid... Elle reprenait sa respiration d'une façon bien sonore... On pouvait très bien sentir qu'elle était troublée... Elle passa distraitement sa main dans sa chevelure rousse et enleva la larme qui avait coulé sans s'en rendre compte...
Elle resta droite, le visage bien fermé, toujours dos à Kurt... Qu'allait-il se passer cette fois-ci ?
Elle murmura : Pourquoi êtes-vous si impulsif ? Ne voyez-vous pas que vous me faites peur ? ...
Par tous les saints patrons de l'empire ! Pensa Kurt, Je les enchaîne en ce moment !
Kurt se mit en devoir de retirer son ceinturon. Auquel pendait dague et lame. Il le jeta au loin.
Je suis une nouvelle fois confus... Les vieux réflexes d'un homme habitué à dormir sous la menace d'une lame. Il désigna une balafre qui courait derrière son oreille et descendait dans le cou. Souvenir d'un réveil brutal dans une forêt pas si différente. La fraicheur sur mon visage n'était point vos lèvres charmantes mais une dague effilé enduit du sang de mes compagnons...
Un instant muet il reprit.
Je ne suis guère courtois au réveil... A vrai dire je suis furieux de m'être assoupi... Il aurait pu m'arriver n'importe quoi...
Je vous prie encore une fois de m'excuser... j'espère que cela sera la dernière... Je ne désirerais pour rien au monde qui vous arrive malheur... Et encore plus si c'est de mes mains stupide qu'il vient...
Le chevalier en parlant s'était levé. Il n'osa point avancer vers elle... Et alors qu'il reprenait la parole il s’assit lourdement... Légèrement dépassé par les événements... N'importe quel soldat de carrière l'aurait félicité de sa vivacité aux réveils. Mais il n'était plus à l'armée...
Je commence à regretter le temps où je me ridiculisais en tombant de ma chaises... Dit il piteusement...
Prostré au sol il cherchait vainement de trouver un argumentaire convaincant...
Mais je n'ai rien à dire de plus si ce n'est que j'ai 42 ans et que jamais je n'ai pus m'endormir aussi profondément que dans vos bras... Et que jamais je ne me suis séparé de mes lames...
Encore une fois, elle se retourna vers Kurt... Elle s'approcha et se mit à genoux devant lui. Son regard émeraude se posa sur le regard gris du chevalier quadragénaire. Un délicat sourire très doux s'était inscrit sur ses lèvres rouges.
Elle avança doucement et le prit dans ses bras. Elle murmura : Je vous aime, messire chevalier... Quelles que soient les fautes que vous fassiez, mon cœur vous pardonnera si vous ne le transpercez pas de mille part...
Elle posa doucement sa tête contre la sienne et commença à pleurer tout doucement. Elle n'aimait pas être blessée moralement mais la tension qui s'éternisait dans ses veines lui faisait perdre des larmes, comme autant de lames tranchantes.
Elle resta silencieuse et se demanda combien de fois elle avait failli mourir... Cela ne se comptait plus et au fond, cette douce amie ténébreuse pouvait la prendre quand elle le voulait... Qui sait... Même par un être aimé...
Maintenant, restez contre moi et tout se passera bien... dit-elle dans un souffle.
Bien joué Kurt ! Maintenant elle pleure ! Quel final ! Se maudit-il intérieurement.
Toujours prostré. Laissant Alista contre lui. Lui aussi sentait les larmes monter et la tension qui s'accumulaient. Mais il ne pouvait faiblir. Pas lui un chevalier de l'empire ! Même à la retraite.
Kurt avait tellement peur de refaire une gaffe qu'il ne bougea pas... Et ne dit mot...
Il resta là. Tête baissée alors que sa dame était contre lui. Ses bras presque inerte... N'osant faire un mouvement. N'osant la prendre dans ces bras... S’il faisait encore une erreur ? Avait-il bien jeté ses lames au loin ? Enfin il faudrait les reprendre... Et faire en sorte qu'il ne puisse plus menacer inconsciemment quiconque...
Le chevalier ne bougeait toujours pas. Retenant même sa respiration....
Une unique larme réussi à passer le barrage de volonté... Elle menaça de le faire céder mais Kurt tint bon. La larme tomba sur l'herbe d'émeraude... Aussi vertes que les yeux de sa douce. Une seule et unique larme versée en toute une vie de combat...
Il n'osa pas s'essuyer le visage quand une deuxième força pareillement sa volonté. Lui Kurt Bremen chevalier de l'empire. Maîtres d'armes des panthères, réputé dans tous le vieux monde pleurait...
Une troisième larme... Puis une quatrième... L'herbe se teintait de cette rosée de honte.
Il n'osait toujours pas bouger... Retenant au possible sa respiration. Priant pour qu'elle ne voie rien... Priant pour qu'elle confonde ces propres larmes avec les siennes.
Un sanglot failli le secouer mais il sut le maintenir enfermé dans sa cage thoracique.
Ne pas bouger... Ne rien dire... Pour ne pas qu'elle le voit....
Ils restèrent lover l'un contre l'autre un long moment, une éternité pour le commun des mortels, une fraction de secondes pour les amants. Elle le sentait fragile, elle le sentait enfin humain... Elle sentait sa tristesse ou la tension s'échapper... Elle vit des larmes couler de ses yeux gris mais elle ne le mentionna guère....
Elle caressa doucement sa chevelure puis elle écouta la respiration du bel homme... Oui, il se retenait de pleurer... Elle se dit que ce devait être la première fois qu'il libérait sa tristesse ou sa tension...
Au fond, elle se dit qu'il redevenait le jeune garçon pleurant sur sa maman qu'il n'avait pas dû avoir l'occasion d'être... Tout comme lui elle laissa ses larmes couler, ne se retenant que pour mieux épurer son esprit... Elle le serra plus fort contre elle... Puis petit à petit, elle se calma dans ses bras, ses larmes se tarissèrent... Puis, aux larmes firent place à la tendresse qu'elle éprouvait, à l'amour également... Ses mains passèrent sur sa nuque et son dos et essayèrent de le rassurer.
Sa respiration presque bloqués il se sentait étouffé... Mais si il lâchait tout il allait le regretter toute sa vie...
Alista passa la main dans ses cheveux. Il put un peu mieux respirer. Les sanglots retenue ne s'étaient surement pas vu. Et ils s'espaçaient... Encore quelques instants et Kurt pourrait relever la tête.
Elle pleurait elle aussi... Evacuant la tension et le stress... Et c'était de sa faute... Kurt déglutit et retint un dernier sanglot. Profitant qu'elle se blottissait contre lui il changea de position et la cala dans ses bras. De là où elle était elle ne voyait pas son visage...
Ils auraient pus rester longtemps ainsi mais Kurt comprit aux gestes de la jeune femme que celle ci tentait de le consoler... Qu'avait-elle perçu... Apparemment il ne s'était pas assez retenu... Le chevalier maudit une nouvelle fois sa faiblesse.
Il leva le visage de la jeune femme pour essuyer ses larmes d'un doux revers de la paume. Oubliant que c'était son propre visage qui était le plus touché. Les yeux rougis et quelques traces de larmes sur les joues.
Tout va bien ma dame... Lui murmura-t-il à l'oreille avant de se pencher pour l'embrasser. Rapidement. Il ne fallait pas qu'elle sente le goût salé de sa peau encore humide.
Il lui fallait trouver de quoi s'essuyer au plus vite. Il ne pouvait se permettre d'être faible.
Il l'avait déjà été assez aujourd'hui. Mais son corps n'était point en accord avec ceci. Et à l'évocation de ses larmes passées un sanglot manqua de le terrasser. Profond et fort. Sans larmes.
Rougissant Kurt anticipa toute réaction. J'ai le hoquet... Une phrase si futile qu'il en rougit encore plus... Mieux valait à nouveau se taire...
Elle passa doucement sa main sur sa joue encore humide mais elle ne nota rien et murmura : Vous êtes si brave... Si fort... Oui, c'était un mensonge mais pour la première fois, elle pensait que ce mensonge était nécessaire.
Ses yeux verts restèrent scotcher un instant sur ceux de Kurt. Les deux paires étaient mouillées, mais au fond cela avait peu d'importance pour la Dame.
Elle le regarda et elle lui dit doucement : Je crois qu'il est temps que nous allions nous coucher... La fatigue... J'ai bien craqué mais que cela ne nous fasse point honte... J'en avais besoin...
Elle lui sourit tendrement et lui raconta : Mon père m'a raconté il y a longtemps, que lorsque j'avais dans les 3 ans, j'étais tombée dans la cour où il y avait du gravier et que lorsqu'il apprit la nouvelle, il prit une si grande peur que lorsqu'il me revit, des larmes glissèrent de ses yeux... J'ignore si vous avez déjà éprouvé de la tristesse ou de la joie, mais parfois, on ne peut la contenir...
Elle ajouta avec la voix la plus joyeuse qu'elle pouvait faire : Je ne vous ai point vu pleurer... Et je pense que si vous pleuriez, ce serait pour une bonne raison... Alors lorsque les larmes couleront, n'ayez point honte... Il faut bien évacuer un jour le surplus d'énergie...
Elle posa doucement ses mains sur les siennes et son regard émeraude se faisait velours envoûtant. Elle espérait qu'il ne comprenne pas tout de travers... Elle savait qu'il était un chevalier mais il ne devait pas avoir honte de pleurer devant elle... C'était la seule qui pouvait le comprendre...
Pour parler ainsi elle devait l'avoir vu... Kurt ignorait si elle dédramatisait pour ne pas l'inquiéter ou si juste elle pensait vraiment... Mise à part une inutile et si fausse flatterie ces propos avaient l'air correct... Et si il ne pouvait pas se fier à elle à qui le pourrait-il ?
Elle voulait rentrer... Se retrouver seul en territoire connu... C'était une bonne idée... Avant qu'il n'est pu faire le moindre geste la jeune femme planta son regard dans le siens. Comme un coup de couteau... Un coup de couteau à qui on redemande de frapper... Ces yeux gris se firent plus lumineux. Il l'observa avec toute la douceur qu'il pouvait avoir dans son être.
Ses mains serrèrent brièvement les siennes...
Hâtons nous ma dame... Un bon feu nous attend ainsi qu'un peu de repos. Lui murmura-t-il à l'oreille alors qu'il s'était penché vers elle. Son souffle chaud vint buter contre sa nuque.
Quand vous voulez... Ma monture est prête. Continua-t-il sur le même ton et laissant ses cheveux effleurer la joue de la jeune femme.
Elle lui avoua alors très doucement : J'ai vu vos larmes... Mais, cela ne me choque guère... Je n'en parlerais à personne et je vous confie ma vie... Je sais ce que vous valez au combat et je n'ai point peur de quelques larmes...
Elle apprécia encore quelques minutes contre lui puis ils se levèrent et prirent le cheval du chevalier pour rentrer au Castel...
Ils trouvèrent facilement les appartements de l'archiviste et après s'être nourrit puis changez, ils se retrouvèrent dans le lit, l'un contre l'autre...
Elle se blottit contre lui et murmura : N'ayez point peur de pleurer en ma présence, je vous prie... Je vous aime trop pour que cela me choque et je ne le dirais à personne...
Kurt Bremen soupira... Doucement... Puis se résigna... Chaque homme avait ses faiblesses. Il veillerait à mieux se contrôler à l'avenir... Mais il avait une personne sur lequel compter... Il ne serait plus jamais seul...
Le chevalier serra la jeune femme et se blottit contre elle... Une envie... Dormir pour finir de laver son âme...
Ses yeux gris se fermèrent. Sa respiration s'apaisa et devint régulière avant qu'il ne sombre complètement il ouvrit la bouche et dans un murmure, un souffle...
Je t'aime Alista...
Déjà il s'endormait...
Et cette fois ci les rêves serait tout autres... L'être chéri blotti contre lui...
Commentaires
Une relation qui continue encore bizarrement. L'émotion qui prend un peu trop le pas aussi dans la 2ème partie. J'espère que ce déferlement de violence et de tristesse ne va pas entâcher leur histoire, pour une fois que ça dure pour elle.
Hé oui, fiction et réalité ne sont pas pareils.
Il arrive cependant que la chance nous sourit. Faut avoir que c'est plutôt rare
Alista aime son Kurt même si il a un caractère des plus mélangés. Il lui fait bien peur en tout cas !
S'endormir dans la forêt par les temps qui courent, c'est pas très recommandé, sauf dans MA forêt, là où je vais personne ne s'aventure, je ne risque rien, mais en même temps, je devrais plutôt parler de montagne, y'a pas beaucoup d'arbres mais + de rochers, et rien qu'à lire le titre du prochain chapitre, qui parle de falaises, je me sens déjà d'avance dans mon élément.
Oui, là où je vais, je peux rester seul et marcher des heures seul sans voir personne, et franchement il faudrait un sacré coup de pouce du destin pour qu'une personne qui m'aime puisse me retrouver.
3615 Ma vie OFF! Désolé, je m'identifie encore à tes personnages, je suis incorrigible (c'est ça le truc quand les dialogues sont écrits par de vraies personnes, et que ce n'est pas de la pure fiction). Kurt est passé du maladroit de service au chevalier viril qui ne doit pas montrer ses sentiments, en passant par le stade du militaire de carrière dont les vieux réflexes de défense restent bien présents après tant de combats (ce stade intermédiaire étant semble-t-il celui qu'Alista aime le moins, préférant la timidité et la sensibilité).
Heureusement, chaque "crise" est l'occasion pour eux de mieux se retrouver, et là j'avoue que si ça pouvait se passer aussi comme ça dans la vraie vie... mais hélas dans le monde réel y'a pas de seconde chance, dans le monde réel la main ne retient pas la lame au réflexe du réveil, dans le monde réel ladite lame a déjà transpercé le coeur de la personne en face, et celle-ci déteste définitivement celui qui a lancé sa lame... c'est moche...