Auteurs :
Kurt Bremen
La nuit est fort avancée dans la cité éternelle. Au Castel des Gardes Noirs nulle lueur aux fenêtres... Sauf Une... En haut de la tour nord. La pâle et blanche lueur d'une bougie miroite dans l'obscurité. Par moment le scintillement d'une torche vient troubler le recueillement de cette solitaire lueur... Dans la pièce faiblement éclairée un homme est assis à son écritoire. D'une main calleuse, sans doute peu habituée à tenir une plume, il oeuvre sur un parchemin des lettres rondes et appliquées. Nul doute il n'est point habitué à écrire depuis si longtemps.
Sur le papier ocre ces mots se couchaient avec difficulté d'abord, puis peu à peu il s'habitua... La lourde main calleuse s'épanchant sur le parchemin.
Pardonnez-moi mes amis, mes frères... Pardonnez-moi ma famille... Lorsque le soleil va se lever je regarderai avec peine les hauts murs de mon cher Castel... J'ai passé peu de temps parmi vous mais il reste ancré dans ma mémoire comme autant de parcelles de joie... Des souvenirs bien heureux... J'aurais aimé avoir la force de continuer... Mais je me sens las... Vieux... Mes vieux bras ont tout juste la force de soulever mon arme... Une dernière fois... J'ai gardé le silence sur ce projet et seul mon cher Arakun a percé à jour mes intentions... Il n'a dit mot... A personne... Je lui en suis reconnaissant... Je n'aurais pu vous regarder sachant que vous sachiez... Mes frères... Mes amis... Je ne vois qu'une voie... Je ne suis plus ce jeune homme fougueux, plein de force et de vaillance... Je ne peux me résoudre à devenir ce vieil homme plein de courbatures, peinant à soulever ma compagne de tous les jours... Je vous demande donc de me pardonnez de ce que je vais faire... Ce n'est pas un suicide... Mais lorsque la grille s'ouvrira demain matin... Lorsque le soleil pointera sur moi ces rayons mordorés j'aurai la sensation d'avoir choisi mon destin... Il est possible que je survive au choc... Mes adversaires ne sont que des peaux vertes... Mais j'en doute... Pour en avoir côtoyé pendant longtemps je ne me fais guère d'illusions... Arakun est le parfait exemple... Si ce n'est ce sentiment d'abandon et de lâcheté que je ressens, je ne peux me départir d'une certaines joie... Je vais m'offrir le parfait requiem du guerrier... J'emporterai dans ma tombe le maximum de ces guerriers...
Oui... Oui lorsque dans quelques heures la grille s'ouvrira, j'entrerai dans l'arène... J'ai défié un groupe de seigneurs orcs... Certains périront sous mes coups... D'autres me tueront... C'est mon souhait... Ma destinée... Je ne veux pas être l'un de ces vieux hommes qui regarde les jeunes en pensant à ses jeunes années à lui... Soyez heureux mes frères je pars serein... Homme ayant choisi le cours de sa vie... J'ai passé parmi vous peu de temps mais ils furent les plus beaux... Merci encore...
Kurt Bremen signa d'un geste souple et roula le parchemin. Sans le cirer. Il irait afficher le Testament du Panthère avant de partir. Une autre tâche lui incombait... Il repris un parchemin et trempa sa plume dans l'encre, il sourit en pensant au Garde qui l'avait faite... Louis... Un vieux sage agréable... Mais il ne serait jamais comme ça lui... Non il ne serait jamais comme ça...
Dépliant le deuxième parchemin il réfléchit un peu puis poussant un profond soupir il posa ses premiers mots sur le papier.
Ma tendre Alista... Ne m'en veux pas de te laisser ainsi... Il aura fallut que je sois au seuil de la mort pour enfin te tutoyer... Ironie du sort... Ne m'en veux pas disais-je... Tu es une jeune femme, tu as toute la vie devant toi... Le coup du sort a fait que tu m’as rencontré alors que ma vie s'achevait... Tu as illuminé mes jours... Je te demande de m'excuser, j'aurais aimé continuer à tes cotés... Pour toujours, Mais je ne veux pas me voir vieillir moi-même alors voir le reflet de mes années dans tes yeux aurait été une torture infâme... Certains me traiteront de lâche et je l’accepte mais je voulais finir ma vie comme elle a commencé... Au champ d'honneur... Pardonne-moi mon amour. Pardonne-moi... Les mots me manquent... Je n’ai plus la force... Je n’ai plus la force de Vivre... Il me reste la force de mourir... Et il reste gravé en moi l’immortelle sensation de puissance de l’amour... Mais c’est insuffisant...
Pardonne moi...
Tu es ma seule réussite malgré toutes mes victoires, hormis le fait d'avoir rejoint la Garde, mon dernier regret et mon premier amour... Pardonne-moi... Et sois heureuse...
Ton Kurt...
Kurt posa sa plume... Des larmes coulaient de ses yeux gris scintillant d'humidité dans la lueur de la bougie. Il roula le parchemin et le ferma de son sceau. Essuyant ses yeux d'un revers de manche.
Se levant il se mit en devoir de s'équiper. Revêtant pour la dernière fois son uniforme de la Garde. Sans armure il serait plus à l'aise mais aussi plus vulnérable... Il prit son immense lame. Cadeau de son oncle le Comte électeur du Middenheim. La lame mesurait un mètre quatre-vingts pour environ trente centimètres. Une immense lame qu'il peinait de plus en plus à soulever.
Le Chevalier Kurt Bremen. Ancien Panthère de l'Empereur et Garde Noir du Warfo ne reviendrait plus dans cette chambre...
Le jour pointait... Les deux parchemins posés sur le bureau. Arakun avait la mission de les afficher dans la salle de Garde...
Quelques heures plus tard lorsque Arakun vint chercher les parchemins. Dans un duel déclaré à mort Kurt Bremen reposait dans une mare de sang... Au milieu de cadavres de trois guerriers orcs...
Le chevalier panthère Kurt Bremen avait vécu... Agé de 44 ans il mourut l'arme à la main. Que son âme repose en paix...
Les serviteurs de la suite du Panthère vinrent chercher le corps et l'emmenèrent au Castel pour qu'il y repose de son dernier sommeil.
Alista avait fini bravement sa journée... Cela faisait passablement beaucoup de temps qu'elle n'avait que peu vu Kurt... Mais lorsque le large Arakun vint lui déposer une lettre après avoir fait une légère courbette, elle se douta que quelque chose n'allait pas...
Elle déroula lentement le papier et y lit :
Ma tendre Alista... Ne m'en veux pas de te laisser ainsi... Il aura fallut que je sois au seuil de la mort pour enfin te tutoyer... Ironie du sort... Ne m'en veux pas disais-je... Tu es une jeune femme, tu as toute la vie devant toi... Le coup du sort a fait que tu m’as rencontré alors que ma vie s'achevait... Tu as illuminé mes jours... Je te demande de m'excuser, j'aurais aimé continuer à tes cotés... Pour toujours, Mais je ne veux pas me voir vieillir moi-même alors voir le reflet de mes années dans tes yeux aurait été une torture infâme... Certains me traiteront de lâche et je l’accepte mais je voulais finir ma vie comme elle a commencé... Au champs d'honneur... Pardonne-moi mon amour. Pardonne-moi... Les mots me manquent… Je n’ai plus la force… Je n’ai plus la force de Vivre… Il me reste la force de mourir… Et il reste gravé en moi l’immortelle sensation de puissance de l’amour… Mais c’est insuffisant…
Pardonne moi…
Tu es ma seule réussite malgré toutes mes victoires, hormis le fait d'avoir rejoint la Garde, mon dernier regret et mon premier amour... Pardonne-moi... Et sois heureuse...
Ton Kurt...
Au fur et à mesure du texte, son coeur commença à se briser... Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues... Ainsi le cycle de la vie était encore pareil à la course du soleil... Tout tombait...
Son amour... Lorsqu'elle finit la lettre elle la pressa contre sa poitrine...
Elle s'effondra au sol, la tristesse lui rendant le coeur plus dur que de la roche... Kurt... Ils ne s'étaient jamais tutoyer car au fond ils avaient toujours gardés une certaine distance derrière leurs attirances... Ils avaient toujours essayé de rester loin de leurs vraies pensées...
Elle l'avait connu si maladroit et si tendre qu'il avait ravis son coeur dès le début... Puis, petit à petit, ils se rapprochèrent jusqu'à consommer leur bonheur ensemble...
Désormais, la vie n'aurait plus le même goût... Désormais, son coeur serait sanguinolant... Désormais, un grand n'était plus... Désormais, elle était seule au monde...
Il avait été le seul à remplir son coeur de bonheur et maintenant, un poignard s'y était planté... Laissant s'échapper le bonheur en fines goutelettes...
Son regard se perdit dans le loin... Sa vie n'était plus... Son amour lui était arraché... Elle ne voulait qu'une chose... Le rejoindre... Même s'il disait vouloir la garder en vie et heureuse... Comment être heureux sans lui... Son soleil...
Sa gorge se noua à nouveau et elle éclata encore en sanglots... Si forts et si profonds...
Les mots ne sortaient plus, mais elle joignit ses mains et pria doucement pour Kurt :
Mon Dieu, dans votre grande bonté, guidez mon cher et tendre vers le Paradis... Gardez une place à ses côtés... Je souhaite le rejoindre dès que je mourrais... Mais par pitié, pardonnez-lui la peine que je peux sentir... Mes sentiments sont inchangés... Envoyez lui de tendres pensées par l'au-delà... Qu'il soit heureux... Amen.
Elle se releva des archives et rentra dans ses appartements qui embaumaient encore de son odeur... Elle se coucha tôt... Et quand elle s'endormit, sa main se crispa à sa droite, là où était toujours allongé Kurt en soufflant une larme à l'oeil : Je t'aimerais Toujours....
Commentaires
Hé oui... Je t'avais bien dit qu'elle n'avait pas de chance !
Ce qui est surtout triste c'est que je m'amusais bien à écrire avec Kurt. Un gentil gars...
Mais voilà, il a voulu faire évoluer son personnage !
Hoooo non, mais ça c'est triste, c'est un coup à nous mettre le moral en bas... Bon la mort est glorieuse, certes, il sera parti en guerrier dans un ultime coup d'éclat, mais c'est quand même dommage, c'était un personnage sympa...
Bon la différence d'âge jouait pas mal c'est vrai, Kurt devait se dire qu'il aurait 60 ans quand Alista aurait son âge actuel, ça devait pas être facile pour lui. Au passage, il avait pas 42 ans au début de leur relation? Et là il meurt à l'âge de 44, il s'en est écoulé du temps entre eux deux!!
Ce qui doit rendre la fin d'autant plus difficile à accepter pour Alista. Toujours ce foutu satané Destin qui la porsuit... :(
Une jolie fin pour un grand guerrier. Encore une histoire d'amour qui fini mal pour la pauvre Alista, même si on ressentait sur les derniers passages un certain éloignement. Sera-t-elle enfin heureuse un jour, que ce soit en amour ou en tant qu'individu ? Tel est l'épilogue que l'on peut trouver à ce triste chapitre.